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François Decker (1691-1776) et Jean-Jacques Brodhag (1752-1820) natifs de Blodelsheim, firent des carrières remarquables à Porrentruy et à Delémont entre 1720 et 1820 dans le Jura suisse.

François Decker, au service de quatre princes-évêques de Bâle au XVIIIe siècle

Voici tout d'abord comme le présente le DHS, le dictionnaire historique de la Suisse.

L'auteur en fut Philippe Froidevaux que vit Emile Decker plusieurs fois et avec qui il eut de nombreuses correspondances.

François Decker fut conseiller de quatre princes-évêques... voire même cinq, car il fut découvert par Jean Baptiste de Reinach-Hirtzbach, évêque-coadjuteur de l'évêché de Bâle qui le conseilla à son frère Jean Conrad de Reinach-Hirtzbach, évêque de Bâle de 1705 à 1739.

Voici les portraits des quatre princes-évêques que François Decker a conseillé.

Biographie de ces quatre princes-évêques :

Joseph Guillaume Rinck de Baldenstein

Né le 9.2.1704 à Saignelégier, † le 13.9.1762 à Porrentruy.
Fils de Joseph Guillaume. Frère d'Ignace Balthasar Willibald et de Lucius Xavier Christophe. Collège des jésuites à Porrentruy, études de droit à Fribourg-en-Brisgau (1724-1727). Conseiller aulique du prince-évêque de Bâle (1728), élection au chapitre cathédral (1732), chanoine (1735), ordination à Porrentruy (1736). R. est élu évêque de Bâle en 1744 (la même année, confirmation par le pape Benoît XIV et consécration à Besançon, investiture par l'empereur François Ier en 1747). Après avoir poursuivi une rigoureuse politique de neutralité, il s'ouvrit à l'influence des ambassadeurs de France à Soleure. En 1758, il signa avec la France une capitulation militaire sur le modèle de celles conclues par les cantons. Dans le cadre de la principauté épiscopale, il poursuivit les réformes administratives et économiques lancées par ses prédécesseurs. Menant une politique économique marquée par le mercantilisme, il soutint notamment la construction de routes, l'industrie du fer et la sylviculture. Suite à la mort de l'évêque auxiliaire Johann Baptist Haus en 1745, il assuma personnellement les affaires spirituelles. Influencé par la théologie scolastique, il s'appliqua à améliorer la formation des prêtres et à développer l'enseignement des jésuites à Porrentruy (création d'une faculté de théologie en 1760). Durant son règne, la principauté épiscopale et le diocèse de Bâle connurent une modernisation inspirée par les idéaux de l'"administration éclairée" française, tant sur le plan spirituel que temporel.


Simon Nicolas de Montjoie-Hirsingue

Né le 22.9.1693 à Hirsingue (Alsace), † le 5.4.1775 à Porrentruy.
Catholique et Alsacien. Fils de Franz Ignaz, brigadier de l'armée royale française. M. est aussi connu sous le patronyme de Froberg. Collège des jésuites à Porrentruy, études à Strasbourg (1712), Collegium germanicum de Rome (1713-1717). Chanoine de Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg. Ordonné prêtre (1731), prieur d'Enschingen en Alsace (1741-1762). Chanoine (1741), vicaire capitulaire (1744), prince-évêque de Bâle (1762-1775). Son mauvais état de santé provoqua dès 1771 des intrigues électorales. Bien que comte du Saint Empire (1743), M. pratiqua une politique extérieure très favorable à la France et renouvela en 1768 la capitulation militaire. En 1769, traitant avec le margrave de Bade, il échangea le bailliage de Binzen contre Schliengen, Mauchen et Steinenstadt (tous situés dans le Brisgau). M. adhérait aux idées des physiocrates. Il réorganisa l'assistance aux pauvres (1769) et procéda à un recensement de la population dans la principauté épiscopale (1770). 

Source : DHS (Dictionnaire historique suisse)

François Decker, autant conseiller des princes-évêques cités que directeur des ponts et chaussées fut au plus près d'eux comme le prouve ce détail ou en septembre et octobre 1744 il accompagna Joseph Guillaume Rinck de Baldenstein à Sélestat pour une rencontre de courtoisie avec le Roi de France Louis XV.

Ces princes-évêques furent à la fois des souverains temporels et spirituels.

Les ossements de ces princes-évêques reposèrent dans le caveau princier de l'église du collège des Jésuites à Porrentruy.
Ce caveau fut profané (voir ci-dessous).
Le 9 août 1898 les ossements furent transférés dans une petite crypte de l'église Saint-Pierre de Porrentruy.

Le caveau des princes-évêques de Bâle fut profanés. Des sources de recherches évoquent l'année révolutionnaire 1793.
Ce qui n'est pas du tout assuré.

Les témoignages remontant à 1793 font à un tel point défaut que cinquante ans plus tard, sans qu'on les contredise, les milieux conservateurs catholiques ont pu attribuer la profanation du caveau des Princes-évêques à Joseph Thurmann en 1840.

L'Helvétie de 1840 - proche des milieux conservateurs - niait l'ouverture des caveaux à la Révolution française: "Nous confirmons positivement notre assertion que le caveau des princes n'a point été dévasté en 1793, M. de Billieux, parent de l'un de ces princes, par alliance, l'a fait ouvrir, le premier, de 1822 à 1824, alors qu'il remplissait les fonctions de grand-bailli à Porrentruy. Il fut reconnu que ce caveau avait été respecté par le vandalisme révolutionnaire".

Jusqu'en 1840, personne ne s'est intéressé au caveau des princes-évêques: à cette date, un certain Thurmann, responsable de la laïcisation de l'enseignement dans l'ancien évêché resté fermement catholique, décide de mettre de l'ordre dans ce caveau devenu une sorte de fourre-tout, c'est à ce moment que les conservateurs crient au sacrilège, alors que jusque là, il ne s'était jamais rien passé. Ils affirment qu'entre 1822 et 1824  ce caveau était encore intact. C'est à partir de cette affaire que les anti-cléricaux - et Quiquerez fut des plus redoutables - affirment qu'il avait été dévasté en 1793, année ou furent profanées les tombes royales à Saint-Denis. 

Les sources locales de l'époque de la Révolution ne parlent à aucun moment des sépultures des princes-évêques, mais mentionnent pourtant l'ouverture du caveau des ducs de Wurtemberg à Montbéliard le 22 octobre 1793 et de celui des Ursulines à Porrentruy le 18 mai 1799.

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Source et précisions de Monsieur Abetel qui travailla à l’Institut d’archéologie de l’Université de Lausanne.

Qu'il en soit sincèrement remercié.

Insolite : le coeur du Frédéric de Wangen-Geroldeck, prince-évêque de 1775 à 1782 que François Decker a encore connu, reposa sous une dalle dans le choeur de l'église Saint-Pierre, il se trouve aujourd'hui à la cure de la paroisse.

Les coeurs de Jean Baptiste et de Jean Conrad de Reinach-Hirtzbach reposent eux en l'église de Hirtzbach.

Ces deux frères, l'un prince-évêque et l'autre évêque coadjuteur vécurent au château de Hirtzbach, au moins un temps donné.
Dans les années 1840 une chapelle funéraire des nobles de Hirtzbach fut construite attenante à l'église Saint-Maurice du village.
Les coeurs de Jean-Conrad et de Jean-Baptiste furent alors transférés dans cette chapelle et reposent sous l'autel de cette chapelle privée aujourd'hui.

Les coeurs de Jean Baptiste et Jean Conrad de Reinach-Hirtzbach reposent dans la chapelle funéraire des nobles de Reinach-Hirtzbach, dans ou sous cet autel ci-contre.

Source : site "Famille de Reinach et château commune de Hirtzbach".

En 1775 François Decker rédigea le testament ci-dessous...

Monument funéraire à l'entrée du cimetière Saint-Germain de Porrentruy sur lequel fut probablement sculpté l'effigie d'un prince-évêque et la stature de François Decker en personne qui tient en main une branche et entouré d'outils de travail qu'il porte ou sont posés à ses pieds.

L'épitaphe sur son monument funéraire n'est plus guère lisible aujourd'hui...

Émile Decker a longtemps cherché le portrait de François Decker, qui s'est fait portraiturer à Porrentruy... mais tableau aujourd'hui introuvable, sans doute a-t-il rejoint une collection privée ?

Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur François Decker voici un lien vers le site web de la chronologie jurassienne suisse.

L'incroyable testament et les legs laissés à la postérité tels qu'ils furent écrit dans un dossier des archives de l'AAEB.

Succession de François Decker, conseiller intime du prince-évêque de Bâle (18e siècle)

Le dossier B 188/11-11 contient l'inventaire des biens de feu François Decker, conseiller intime, originaire de Blodelsheim en Alsace, décédé à onze heures du soir du 14 déc. 1776 dans la pièce n° 5 du 2e étage de l'Hôtel des Halles à Porrentruy, à l'âge respectable de 85 ans ! Ancien directeur des Sels, membre de la commission des Eaux et forêts (1726), conseiller aulique et directeur des Ponts et chaussées, Decker aura joué un rôle moteur dans la politique économique de l'Évêché de Bâle à l'époque des Lumières.

L'invocation par laquelle débute le testament de François Decker (B 285-212)







Célibataire, il lègue sa fortune aux deux fils mineurs (Joseph et Antoine) de son neveu Jean- Baptiste, secrétaire de la Maîtrise des Eaux et forêts, jeunes gens dont la curatelle est confiée au "régistrateur" (archiviste) Antoine Moser. On découvre dans la chambre du vieux conseiller 12 louis d'or neufs et 27,5 louis "en gros et petits écus", équivalant à 493 livres et 15 sous de Bâle. Le 23 décembre, l'inventaire se poursuit : dans une bourse déposée par le défunt "dans la tour au trésor de Son Altesse" (au château de Porrentruy), on trouve encore divers types de monnaies (louis d'or, pièces de 30 sols ou "Strasbourg", vieux florins, demis- et quarts d'écus, ducats de Hollande, d'Allemagne et de Florence), pour une valeur de près de 3500 livres, ce qui fait un total de 4000 livres. Belle fortune, qui représente, en comparaison et selon le journal du pasteur Frêne de Tavannes, quatre années des revenus du prévôt du chapitre de Moutier-Grandval en 1785, ou près de sept années de salaire du directeur des forges de Bellefontaine.
Standing oblige, Decker s'était fait portraiturer, dans "un cadre à vernis doré". Son domestique se dispute avec les héritiers son "épée à poignée d'argent" et "sa canne à pommeau d'or". En homme de son temps, le conseiller consultait le Dictionnaire de Trévoux, qui appartenait cependant à la Cour. On a aussi trouvé des papiers "relatifs à la politique et à son service": ils seront remis à Son Altesse.
Mais au début de 1777 déjà, les soucis commencent pour A. Moser, commis exécuteur des dernières volontés de Decker, qui découvre certaines "répétions qui paraissent exorbitantes" tandis que d'autres créances seront difficiles à recouvrer. Il demande au prince-évêque d'être relevé de cette charge, accablé de travail qu'il est déjà par l'enregistrement "de la quantité prodigieuse" d'actes "qui ont été transférés depuis le greffe du bailliage d'Ajoie dans les archives de la Cour" – détail intéressant pour l'histoire des archives épiscopales.
Les comptes de Moser spécifient encore les dépenses payées à l'apothicaire pour les médicaments prescrits à Decker, les frais déboursés pour la blanchisseuse du conseiller les derniers mois de sa vie, et tous les frais d'obsèques : aux confères de Saint-Michel à Porrentruy, au curé, à l'organiste, au menuisier qui a fabriqué le "cercueil à dos d'âne", au marguillier, au sonneur de cloches, au "ciergier" pour le luminaire, aux fossoyeurs, au total près de 300 livres ! On trouve les pièces justificatives de ces comptes, ainsi que le testament rédigé en 1774, dans le dossier Decker des Testaments (B285-212); l'orthographe – phonétique – de la facture de la blanchisseuse nous indique comment était prononcé ce nom germanophone à Porrentruy : "Taicre", et non "Deckère". Un autre reçu nous apprend que le conseiller lisait "la gazette de Bâle et celle de Berne." Sept ans plus tard, l'un des deux héritiers, Antoine, choisira l'état militaire et obtiendra une avance sur sa part.
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Cachet de cire rouge et signature au bas du testament de François Decker (B 285-212)
"Ne pouvant pas écrire de [s]a main droite percluë", François Decker fait rédiger son testament, à l'âge avancé de 83 ans, et le signe de la main gauche, le 20 juillet 1774. La mention des légataires permet de mieux connaître les autres membres de sa famille non encore cités: ses frères Jean Michel et Jean Jacques, sa sœur Marguerite, établie à Widensolen, ses neveux Gaspard (de Fessenheim) et Blaise (de Blodelsheim), sa nièce la veuve Sureau, son petit-neveu Jean Jacques Brodhag, aussi né à Blodelsheim, alors directeur des Postes de Porrentruy. Le conseiller désire être enterré dans le cimetière de l'église Saint-Germain de Porrentruy, qui abrite toujours sa tombe aujourd'hui.

Source : Lettre_Information_AAEB_2016_06.pdf

Mis en forme avec les documents d'archives d'Émile Decker,
avec l'aide de Monsieur Denis Bregnard des AAEB de Porrentruy.

Pour se faire une idée du château et de la ville de Porrentruy où oeuvra François Decker au XVIIIe siècle voici une vidéo relatant l'histoire du château et un lien vers un document en allemand du Denkmalpflege der Schweiz (protection des bâtiments historiques suisses) qui présente les bâtiments historiques de la ville dont l'église Saint-Pierre où dans la crypte de l'église reposent depuis 1898 les princes-évêques de Bâle que servit François Decker. 

https://denkmalpflege-schweiz.ch/2014/09/08/pruntrut-im-kanton-jura-eine-kleine-stadt-mit-bewegter-geschichte/

Jean-Jacques Brodhag (1752-1820) né à Blodelsheim fut le petit-neveu de François Decker.

Comme son grand-oncle il fit une carrière remarquable à Porrentruy et à Delémont comme le présente cette fiche issue du DHS soit le dictionnaire historique de la Suisse.

Madame Aurélie Mathieu du service des archives de la Ville de Delémont nous a envoyé un ou l'autre document concernant Jean-Jacques Brodhag.
Il existe de nombreux procès-verbaux du conseil de son époque et des documents écrits de sa main.
A son décès il fut réduit ses droits de sépulture. En 1820 il fut inhumé au cimetière de Delémont.
Son portrait n'existe pas.
La tombe familiale n'a pu être retrouvée. 

Ci-dessous deux documents signés de la main de Jean-Jacques Brodhag...

...et un document signé de la main de François Decker, déposés aux archives de la Ville de Delémont.

François Decker et Jean-Jacques Brodhag, deux Blodelsheimois auront donc fait une carrière remarquable à une époque où les villageois sortirent à peine de leur ban communal. Ils ont su tracer leur chemin dans la terre lointaine du Jura avec leurs compétences, parfois face à l'adversité, pour Jean-Jacques Brodhag surtout à l'époque révolutionnaire française !



Un grand merci à toutes les personnes archivistes des villes de Porrentruy et Delémont, des archives de l'Ancien Evêché de Bâle,
aux conservateurs des musées de l'Hôtel-Dieu de Porrentruy et musée Jurassien de Delémont et toutes les personnes, qui d'une façon ou d'une autre, ont apporté leur précieux concours quant à la connaissance complémentaire du travail initial réalisé par Emile Decker dans les années 1980-1990 et 2000.




Octobre 2023.

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