Histoire de Blodelsheim
Hammerstatt le hameau disparu entre Blodelsheim et Rumersheim-le-Haut
Hammerstatt est cité dès 730 dans les chroniques.
Un plan des ADHR de 1762 nous montre Hammerstatt tel qu'il fut trois décennies avant sa disparition.
Hammerstatt, village disparu en 1796, aura perduré plus de 1000 ans, son ban communal fut intégré à celui de Rumersheim-le-Haut. Il ne subsiste aujourd'hui qu'un calvaire à l'ouest de la RD468 qui rappelle ce village.
Au XVe siècle Hammerstatt eut sa paroisse, sont église fut dédiée à St Éloi et fut desservie par un recteur et un vicaire.
Complément sur Hammerstatt parut dans l’annuaire de la Société d’Histoire Hardt-RIED N° 20 en lien avec les fouilles qui furent effectuées en 1985
Hammerstatt, en traduction : lieu du marteau, a vécu en gros mille ans. Première mention en 730, dernière sous la révolution française avec la destruction par incendie de la ferme le << Hammerstatter-Hof >>
Au bord de la route du Rhin entre Rumersheim le Haut et Blodelsheim, la chaussée épouse le tracé aussi bien de l’ancienne route royale reliant entre elles les forteresses du Rhin que de l’antique voie romaine. Un calvaire érigé en 1860 par la famille << THUET >> évoque le village disparu qui était le berceau de la dite famille.
C’est en 1985 qu’est découvert une troisième nécropole mérovingienne et mise à jour à Rumersheim le Haut sur l’ancien territoire du dit lieu. Non loin du calvaire en question, et pour plus de précision, en direction Nord-Ouest du calvaire, entre le CD 468 et la forêt de la Harth est situé c’est ancienne nécropole.
C’est grâce à Charles REITHINGER originaire de Rumersheim le Haut, historien, qui était très intéressé par les anciennes bornes qu’il recensait pour le compte de l’inventaire régional des bornes anciennes. A force de sillonner les chemins ruraux agraires, il connaît bien les moindres parcelles, ainsi avait-il conseillé à son ami Eugène KIEFFER de labourer son champ plus profond, histoire de voir… !
Mais il savait surtout que le ban communal recelait d’anciens cimetières, à plus forte raison, des tombes avaient déjà été découvertes.
Vu la sagacité d’un agriculteur de Rumersheim, Eugène KIEFFER féru également d’archéologie, avait des doutes que sur une de ses propriétés situées sur l’ancien ban de Hammerstatt, un champ de maïs, qu’il y a des traces d’anciennes de genre de fondation.
Charles REITHINGER, féru d’histoire sur sa localité s’est donc entendu avec son ami, le dit agriculteur, de l’avertir dès que le socle de charrue heurterait quelque chose d’insolite. Cela se produisit en ce mois d’avril de 1985, la semaine avant Pâques.
Eugène KIEFFER laboura son champ plus profond que habituellement et sa charrue buta effectivement contre des massifs de pierres. Les deux amis placèrent des repères et Charles alerta Monsieur Roger SCHWEITZER archéologue et conservateur adjoint du Musée historique de Mulhouse, plus particulièrement chargé de la section archéologie et responsable de nombreuses fouilles entreprises dans la région.
Le jeudi saint l’équipe SCHWEITZER, Roger son épouse et son fils Joël diplômé d’archéologie, leurs amis et plusieurs bénévoles de Rumersheim dégagèrent ainsi des tombes.
Des tombes à cistes c'est-à-dire de véritables caveaux en pierre, toutes orientées vers le soleil levant, et toutes constituées de « spolies » des pierres de réemploi provenant ainsi que le démontrent des restes de mortiers de constructions gallo-romaines.
Les travaux effectués pendant le week-end pascal se révélèrent fructueux : 13 tombes et 13 squelettes ont été mis à jour. Dans certaines tombes des objets usuels ont été découvertes : boucles de ceinture, 4 couteaux dont l’un avec le reste de son étui et ses garnitures en bronze, et un pot. Ce qui est surtout intéressant, se sont des restes de textiles provenant de vêtements
Les archéologues estiment que ces tombes à cistes ont été construites entre les années 650 à 800. Ils formulèrent également l’hypothèse qu’il s’agit d’une véritable nécropole.
Charles REITHINGER estime que ces pierres, des moellons de calcaire mais également des morceaux de grès proviennent du « Burghof » du castel romain qui se trouvait au Sud de Rumersheim, en avant-poste de la ville d’Uruncis, aujourd’hui Illzach. Roger SCHWEITZER est plutôt d’avis que les matériaux ont été prélevés sur place. Plusieurs tombes sont en effet engagées dans des massifs de fondations de constructions disparues remontant à l’époque augustéenne, selon lui.
Spécialiste du Haut Moyen Age, Joël SCHWEITZER date les sépultures de la fin du VII éme siècle, aux environ de 680, des Mérovingiens dit-il.
Les objets et des ossements sont déposés au Musée historique de Mulhouse. Les tombes quant à elles, refermées et l’agriculteur Eugène KIEFFER pouvait ainsi qu’il l’avait prévu reprendre possession de son terrain.
La découverte de cette troisième nécropole mérovingienne sur le ban de Rumersheim démontre qu’aux alentours des années 650 à 800, un peuplement très important s’était établi aux alentours de cette cité d’Hammerstatt qui n’est aujourd’hui qu’un lieu-dit dans la mémoire des hommes.
Charles REITHINGER a le mérite d’avoir apporté à sa localité une renommée historique de valeur sur le plan du secteur Harth-Rhin.
Il est décédé à Rumersheim le Haut le 12-6-1992 âgé de 72 ans.
​
Emile DECKER – Blodelsheim, 2008